Un traumatisme, lorsqu’il survient, entraîne un moment de stress important et d’agitation pour quiconque, tant pour celui qui le subit que pour les personnes qui en sont témoin et qui peuvent venir en aide.
Lorsque le traumatisme est localisé au visage, d’autres conséquences que celles physiques entre en jeu, notamment des dommages du point de vue esthétique.
Dans le contexte d’un traumatisme, les dents sont tout particulièrement exposées, car elles se trouvent dans une position très sensible aux chocs, protégées uniquement par la faible épaisseur des tissus mous des lèvres et composées d’un matériau cristallin tel que l’hydroxyapatite, qui bien qu’extrêmement dur est aussi très cassant.
Au niveau épidémiologique, la zone de la bouche ne représente que 1 % de la surface corporelle totale, or elle est concernée par 5 % des blessures ; ce chiffre augmente en ce qui concerne les enfants d’âge préscolaire et atteint même 17 %, tous traumatismes confondus. (1)
Traumatologie dentaire en âge pédiatrique
Dans le cadre d’un traumatisme buccal, les dents sont touchées dans 92 % des cas. (1) L’incidence chez les enfants est estimée entre 1 % et 3 %. (2) L’incidence diminue avec l’âge et les enfants de sexe masculin sont plus concernés. (3,4)
La prévalence de ces blessures en dentition primaire s’élève à 30 %. (5,6) Une vaste enquête américaine a en revanche montré qu’un adulte sur quatre présente des signes de traumatisme au niveau des incisives. (7) Jusqu’à présent, et grâce aux programmes de prévention primaire mis en place dans les pays les plus développés, l’incidence des caries a considérablement diminué. Par conséquent, en termes de pourcentage, les traumatismes constituent aujourd’hui un problème plus important par rapport à autrefois. (2)
Ces types d’accidents sont très courants : il est essentiel de savoir comment se comporter pour limiter au maximum les dégâts et surtout, pour ne pas aggraver la situation.
Les traumatismes dentaires chez l’enfant. Que faire lors de la première intervention ?
Le premier point essentiel est de comprendre s’il s’agit d’une dent permanente ou d’une dent de lait. En effet, ce premier examen va totalement déterminer l’approche de l’intervention. (8-10)
Dans la grande majorité des cas, le traumatisme touche les dents de devant supérieures : les incisives centrales et latérales. (11) L’éruption des incisives centrales et latérales a lieu entre 6 et 8 ans.
Après les premiers secours, il faut toujours procéder à un examen dentaire approfondi en constituant tous les dossiers nécessaires, en décidant du traitement approprié et en préparant un suivi permettant de surveiller l’évolution de la situation clinique dans le temps.
Analysons maintenant comment il convient de se comporter lors des premiers secours, hors du cabinet dentaire, selon qu’il s’agisse d’une dent de lait ou d’une dent permanente. (8-10)
Les interventions sur les dents de lait suite à un traumatisme
Tout d’abord, lorsqu’une dent de lait est concernée, il faut toujours penser que le sommet sera probablement proche du follicule de la dent permanente, cela en fonction de l’âge de l’enfant. Il est donc important de comprendre clairement la situation et de prêter attention pour ne pas risquer d’endommager l’élément permanent dans cette phase délicate de formation.
En général, il est donc risqué d’effectuer des manœuvres de repositionnement sur une dent de lait, car nous risquerions de traumatiser le follicule permanent, compromettant son développement naturel.
Si le traumatisme entraîne une fracture, il convient de conserver le fragment (s’il a été retrouvé) afin de permettre son évaluation et son éventuel recollage une fois qu’un diagnostic précis a été posé et que la situation clinique a été spécifiquement encadrée.
En premiers secours, il est donc déconseillé de repositionner une dent de lait. Il faut en revanche cadrer précisément la situation en tenant compte de l’ampleur de l’extrusion, de la mobilité, de la formation radiculaire et de la collaboration de l’enfant, avant d’effectuer toute manœuvre.
Si le traumatisme a provoqué l’avulsion complète de la dent de lait, sa réinsertion n’est en aucun cas recommandée.
En cas de traumatisme d’une dent permanente
Si le traumatisme a touché une dent permanente, comme dans le cas d’une dent de lait, il est important d’essayer de retrouver le fragment qui, une fois au cabinet, pourra être nettoyé et recollé par des procédés adhésifs.
Si le traumatisme a provoqué une fracture et que le fragment coronaire est mobile mais toujours en place, en phase d’urgence, il est nécessaire de le stabiliser autant que possible, parfois simplement en tenant fermement un mouchoir entre les dents jusqu’à ce qu’un plan de traitement plus définitif soit atteint, qui comprendra probablement une attelle flexible à porter pendant une certaine période.
Si suite à une fracture radiculaire le fragment coronaire n’est pas dans la bonne position, mais est toujours à l’intérieur de l’alvéole, il doit être repositionné au plus vite. Une fois au cabinet, après avoir vérifié la position par radiographie, une attelle pourra être posée.
Même en présence de plusieurs fractures alvéolaires étendues, il est toujours conseillé de repositionner le fragment alvéolaire le plus tôt possible et de le fixer.
S’il n’y a pas de fracture mais que la dent a subi une simple concussion ou une subluxation, aucune intervention particulière en matière de premiers secours n’est nécessaire.
Si, inversement, la dent permanente a subi une luxation extrusive (elle paraît cliniquement plus longue), il faut la repositionner en la réinsérant délicatement à l’intérieur de l’alvéole. Plus tard, il faudra poser une attelle.
Même si la luxation présente un vecteur vestibulaire, l’élément devra être repositionné manuellement et, une fois au cabinet, stabilisé.
Si la luxation est intrusive (la dent rentre axialement dans l’os alvéolaire en paraissant plus courte), il n’est pas possible de réaliser de manœuvres d’urgence ; il faudra suivre la situation dans le temps en adoptant le bon choix thérapeutique.
Avulsion complète d’une dent permanente
Que faire en cas d’avulsion complète d’une dent permanente ? (10)
Après avoir repéré la dent avulsée et vérifié qu’il s’agit d’une dent permanente, il faut la prendre par la couronne sans toucher la racine. De plus, si la dent est sale, elle doit être lavée brièvement (maximum 10 secondes) sous l’eau courante et remise en place. Une fois réinsérée, demandez au patient de mordre un mouchoir pour stabiliser la dent nouvellement repositionnée.
Si, pour une raison quelconque, un repositionnement immédiat est impossible, la dent avulsée doit être conservée dans un milieu approprié tel que du lait, une solution saline ou de la salive. La dent avulsée peut également être conservée dans la bouche. Ne la conservez pas dans de l’eau claire.
Repositionnez la dent dès que possible.
Le pronostic d’une dent avulsée est étroitement lié à la rapidité de sa réintégration et à la manière dont elle est préservée dans le laps de temps entre l’événement traumatique et le repositionnement. Lorsque la dent est mal conservée à l’air libre, il suffit de 60 minutes pour que les cellules du ligament parodontal meurent. (10)
Bibliographie
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- Flores, M. T., Malmgren, B., Andersson, L., Andreasen, J. O., Bakland, L. K., Barnett, F., … & Arx, T. V. (2007). Guidelines for the management of traumatic dental injuries. III. Primary teeth. Dental Traumatology, 23(4), 196-202.
- Andersson, L., Andreasen, J. O., Day, P., Heithersay, G., Trope, M., DiAngelis, A. J., … & Tsukiboshi, M. (2012). International Association of Dental Traumatology guidelines for the management of traumatic dental injuries: 2. Avulsion of permanent teeth. Dental traumatology, 28(2), 88-96.
- Bauss, O., Röhling, J., & Schwestka‐Polly, R. (2004). Prevalence of traumatic injuries to the permanent incisors in candidates for orthodontic treatment. Dental Traumatology, 20(2), 61-66.
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