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Sep

L’inadaptation implant-prothèse : empreinte analogique et numérique et autres facteurs impliqués

Selon le Glossary of Prosthodontics Terms (1), le « fit » est défini comme « l’adaptation de n’importe quelle restauration dentaire à son logement dans la bouche ».

En matière d’implantologie et d’implant-prothèse, la bonne adaptation d’une prothèse sur implants dentaires est très importante.

La recherche d’une adaptation passive s’avère être une étape fondamentale sans laquelle il n’est pas possible de procéder au traitement final des produits implanto-prothétiques (2).

En effet, il faut que cette mise en place au niveau de la connexion implant-prothèse ne génère pas de contraintes ou d’autres situations pouvant entraîner à terme des complications biologiques ou mécaniques (3).

En effet, une incohérence entre la prothèse et les implants, ou les piliers secondaires (dans le cas des piliers à plusieurs unités), génère des contraintes et des tensions qui, selon le type de défaut d’ajustement, peuvent être absorbées par les superstructures prothétiques (armature, vis de connexion, matériaux de revêtement), par les implants ou par l’os péri-implantaire (4,5).

Le décalage peut alors être vertical, horizontal, angulaire ou rotationnel selon l’axe spatial dans lequel se produit l’inhomogénéité dans les relations entre les surfaces de couplage implant-prothèse (6,7).

Les principaux facteurs qui influencent la mise en place d’une structure implanto-prothétique

Parmi les facteurs qui influencent la mise en place d’une structure implanto-prothétique, citons le type d’empreinte (8,9).

#1 Le type d’empreinte

Les imprécisions dans la production du modèle sont principalement dues à la modalité, à la technique, aux matériaux d’empreinte ou aux scanners et aux différentes stratégies de numérisation utilisées pour la prise de l’empreinte sur les implants, empreinte sur laquelle sera ensuite réalisée la prothèse (voir aussi notre article « Empreinte sur implants multiples : est-ce possible sans attelle ? ») (10).

Aujourd’hui, avec les technologies numériques, il est également possible d’imaginer de travailler sans modèle dans un flux de travail entièrement numérique (11).

Cependant, ce sera toujours le type de cas clinique qui déterminera s’il est possible ou non de faire totalement confiance au numérique.

Dans le cas d’un implant unique ou dans le cas d’une réhabilitation de plusieurs implants, qui sont cependant parallèles entre eux et qui forment une hémi-arcade, il est possible de réaliser un protocole entièrement numérique (8,9). En revanche, pour l’arcade complète, le flux analogique avec empreinte en matériau rigide et la réalisation de modèles en plâtre semblent aujourd’hui encore être la solution la plus sûre (8,9).

Dans le flux entièrement numérique, en travaillant sans aucun modèle physique, les éventuels problèmes d’ajustement des armatures ne peuvent pas être vérifiés avant la production de l’armature prothétique et ne peuvent être corrigés à moins qu’une autre numérisation intra-orale ne soit effectuée (11).


Dans les cas où ce type de difficultés est constaté, il est donc toujours utile de réaliser au moins un modèle imprimé en 3D qui peut servir à la fois de vérification de l’empreinte réalisée et comme modèle de travail, y compris en cas de modification de l’armature prothétique (12).

Évidemment, la réalisation du modèle imprimé en 3D entraîne des écarts liés aux paramètres de réglage de l’imprimante, au type de résine, etc. (pour plus d’informations, voir l’article « Modèles en plâtre vs modèles imprimables en 3D : caractéristiques et facteurs de précision comparés ») qui peuvent à leur tour influencer la position des analogues d’implants dans le modèle (13).

Cependant, la possibilité de construire un JIG de vérification et de modifier le modèle en repositionnant les analogues, comme cela se fait habituellement avec les modèles en plâtre, est d’une importance considérable dans les cas complexes, car cela évite les problèmes d’inadaptation (14).

#2 La technologie de fabrication des armatures prothétiques

Un autre facteur très important est la technologie de fabrication des armatures prothétiques (15,16).

Grâce à l’avènement du numérique, il existe aujourd’hui de nouvelles méthodes et de nouveaux matériaux de fabrication des armatures implanto-prothétiques, comme le fraisage ou l’impression 3D.

Le zircon broyé, par exemple, est un matériau qui peut aujourd’hui être utilisé avec cette fonction et qui, outre ses nombreux avantages en termes esthétiques, peut ne pas nécessiter de matériau de revêtement comme c’était le cas pour le métal (17,18).

Cependant, le zircon exige toujours une Ti-base au niveau de la connexion implant-prothèse ; en effet, étant une céramique polycristalline, ce n’est pas un matériau adapté au filetage car celle-ci entraînerait inévitablement des microfractures.

De plus, la vis prothétique, réalisée en titane ou autres métaux compatibles avec les filetages internes des implants ou MUA, présenterait des problèmes d’adaptation et de stabilité mécanique avec la structure en zircon, étant donné les différentes propriétés de résistance et de ductilité des matériaux (19).

L’avantage des Ti-bases est donc de réduire les éventuelles tensions dans la structure prothétique dues aux imprécisions de fabrication, grâce au faible jeu nécessaire à la cimentation avec l’armature (20).

#3 Autres facteurs impliqués dans l’inadaptation

Cependant, il existe également d’autres facteurs impliqués dans l’inadaptation, tels que :

  • la conception du cadre (21) ;
  • l’application d’un matériau de revêtement (22) ;
  • le type de connexion implant-prothèse (23) ;

et d’autres aspects que nous mentionnons ici, mais qui nécessitent une étude plus approfondie.

Conclusions

L’ajustement correct d’une prothèse sur implants dentaires est crucial pour garantir la longévité et le succès clinique des réhabilitations implantaires.

La recherche d’une adaptation passive est une étape essentielle pour éviter les complications biologiques et mécaniques à long terme.

Le choix des matériaux, des technologies de fabrication et du flux de travail à suivre nécessite toujours des considérations spécifiques pour chaque cas clinique afin de maximiser les résultats.


Bibliographie :

  1. The Glossary of Prosthodontic Terms. The Journal of Prosthetic Dentistry. 2017 May;117(5):C1-e105.
  2. Lops, D., Bruna, E., & Fabianelli, A. (2014). La protesi implantare. Dental Cadmos, 6(82), 386.
  3. Goodacre CJ, Bernal G, Rungcharassaeng K, Kan JYK. Clinical complications with implants and implant prostheses. J Prosthet Dent. 2003 Aug;90(2):121–32.
  4. Nogueira MCF, Bacchi A, Mesquita MF, Santos MBF, Consani RLX. Influence of Cross-Section Design and Vertical Misfit on Stress Distribution in Overdenture Retaining System: 3-Dimensional Finite Element Analysis. Implant Dent. 2018 Aug;27(4):445–51.
  5. Winter W, Mohrle S, Holst S, Karl M. Bone loading caused by different types of misfits of implant-supported fixed dental prostheses: a three-dimensional finite element analysis based on experimental results. Int J Oral Maxillofac Implants. 2010;25(5):947–52.
  6. Prisco R, Troiano G, Laino L, Zhurakivska K. Rotational tolerances of a titanium abutment in the as-received condition and after screw tightening in a conical implant connection. J Adv Prosthodont. 2021 Dec;13(6):343–50.
  7. Abduo J, Judge R. Implications of Implant Framework Misfit: An Animal Study on an Ovine Model. J Oral Implantol. 2021 Jun 1;47(3):183–9.
  8. Ahlholm P, Sipilä K, Vallittu P, Jakonen M, Kotiranta U. Digital Versus Conventional Impressions in Fixed Prosthodontics: A Review. J Prosthodont. 2018 Jan;27(1):35–41.
  9. Chochlidakis KM, Papaspyridakos P, Geminiani A, Chen CJ, Feng IJ, Ercoli C. Digital versus conventional impressions for fixed prosthodontics: A systematic review and meta-analysis. J Prosthet Dent. 2016 Aug;116(2):184-190.e12.
  10. Shillinburg HT, et al. Fundamentals of fixed prosthodontics. Quintessence Publishing Company, 1997.
  11. Alghazzawi TF. Advancements in CAD/CAM technology: Options for practical implementation. Journal of Prosthodontic Research. 2016 Apr;60(2):72–84.
  12. Maria R, Tan MY, Wong KM, Lee BCH, Chia VAP, Tan KBC. Accuracy of Implant Analogs in 3D Printed Resin Models. J Prosthodont. 2021 Jan;30(1):57–64.
  13. Revilla-León M, Gonzalez-Martín Ó, Pérez López J, Sánchez-Rubio JL, Özcan M. Position Accuracy of Implant Analogs on 3D Printed Polymer versus Conventional Dental Stone Casts Measured Using a Coordinate Measuring Machine. J Prosthodont. 2018 Jul;27(6):560–7.
  14. Arias SR, Londono J, Hemati A. A method for fabrication of extraoral verification template for implant master cast. The Journal of Prosthetic Dentistry. 2022 Jun 1;127(6):943–4.
  15. Abduo J. Fit of CAD/CAM implant frameworks: a comprehensive review. J Oral Implantol. 2014 Dec;40(6):758–66.
  16. Bhering CLB, Mesquita MF, Kemmoku DT, Noritomi PY, Consani RLX, Barão VAR. Comparison between all-on-four and all-on-six treatment concepts and framework material on stress distribution in atrophic maxilla: A prototyping guided 3D-FEA study. Materials Science and Engineering: C. 2016 Dec;69:715–25.
  17. Alikhasi M, Monzavi A, Bassir SH, Naini RB, Khosronedjad N, Keshavarz S. A comparison of precision of fit, rotational freedom, and torque loss with copy-milled zirconia and prefabricated titanium abutments. Int J Oral Maxillofac Implants. 2013 Aug;28(4):996–1002.
  18. Stimmelmayr M, Edelhoff D, Güth JF, Erdelt K, Happe A, Beuer F. Wear at the titanium-titanium and the titanium-zirconia implant-abutment interface: a comparative in vitro study. Dent Mater. 2012 Dec;28(12):1215–20.
  19. Anusavice KJ, Shen C, Rawls HR. Phillips’ science of dental materials. 12th edition. Elsevier Health Sciences; 2012. 492–494 p.
  20. Spazzin AO, Camargo B, Bacchi A. Ensuring passivity and retrievability for immediate complete-arch implant-supported prostheses. The Journal of Prosthetic Dentistry. 2017 Feb;117(2):214–7.
  21. Drago C, Howell K. Concepts for designing and fabricating metal implant frameworks for hybrid implant prostheses. J Prosthodont. 2012 Jul;21(5):413–24.
  22. Revilla-León M, Sánchez-Rubio JL, Pérez-López J, Rubenstein J, Özcan M. Discrepancy at the implant abutment-prosthesis interface of complete-arch cobalt-chromium implant frameworks fabricated by additive and subtractive technologies before and after ceramic veneering. J Prosthet Dent. 2021 May;125(5):795–803.
  23. Bédouin Y, Lefrançois E, Salomon JP, Auroy P. Abutment rotational freedom on five implant systems with different internal connections. J Prosthet Dent. 2023 Mar;129(3):433–9.

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