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Juin
Le laboratoire numérique et les prothésistes dentaires de nouvelle génération : comparaison entre le passé et le présent
La fabrication de prothèses dentaires représente le principal art auxiliaire de la profession de santé dentaire et soutient matériellement, et pas uniquement techniquement, la dentisterie. Par définition, il s’agit de l’art et de la science de fabriquer des dispositifs de correction et/ou de remplacement de dents naturelles [1].
Le laboratoire dentaire s’occupe principalement de la réalisation de cinq catégories de dispositifs [2] :
- prothèses fixes partielles ou totales sur dents naturelles ;
- prothèses totales et partielles amovibles ;
- prothèses fixes, amovibles et maxillo-faciales sur implants ;
- appareils d’orthodontie, dispositifs pour l’apnée nocturne et protège-dents ;
- prothèses maxillo-faciales, par exemple bouchons d’oreilles et prothèses cranio-faciales.
Les prothésistes dentaires épaulent toutefois les dentistes d’autres manières, par exemple en leur fournissant des masques gingivaux chirurgicaux pour la chirurgie guidée, des masques de radiographie, des restaurations provisoires simples et complexes [3].
Toutes ces activités reposent toujours sur des prescriptions écrites des dentistes, qui sont en réalité les concepteurs et les responsables des projets de prothèses.
De l’art manuel à une mécanique industrielle
Il y a encore quelques années, toutes ces activités étaient réalisées uniquement au moyen de techniques de sculpture directes et indirectes, comme la fonderie à la cire perdue, la modélisation par application ou retrait de matière (par ex. la cire, la cuisson des céramiques, le pressage des résines, etc.).
La fabrication de prothèses dentaires était donc un art essentiellement manuel, mis en pratique avec des instruments ou des outils propres au secteur de l’artisanat.
Aujourd’hui, la situation a totalement changé et favorise désormais des technologies qui s’apparentent davantage à celles de la mécanique industrielle. Parmi les innovations que l’on trouve actuellement dans le domaine des prothèses dentaires, en effet, citons ce que l’on peut appeler la « révolution numérique du laboratoire dentaire » [4].
L’introduction des systèmes numériques a révolutionné les flux de travail non seulement dans le cabinet dentaire mais également dans le laboratoire dentaire [5,6].
La révolution numérique du laboratoire dentaire
Voyons plus en détail l’impact de la révolution numérique sur les flux de travail et sur les principales technologies utilisées par les prothésistes dentaires.
Temps de travail et processus de production
En augmentant les propriétés mécaniques de certains matériaux utilisés et en introduisant de nouveaux, les flux de travail, ici davantage que dans les cliniques, se sont accélérés et les temps de réalisation des prothèses se sont considérablement réduits [7,8].
Il ne faut toutefois pas négliger le fait que ces systèmes ne permettent pas encore de réaliser des restaurations ayant des propriétés esthétiques (translucidité, dégradé des différentes couleurs dans la structure elle-même) identiques à celles des restaurations fabriquées à la main par le technicien.
Par ailleurs, dans certains cas, les impressions des modèles 3D nécessitent beaucoup de temps, en fonction du type d’imprimante et des paramètres d’impression (placement du modèle sur la plateforme de travail).
Les systèmes CAD/CAM sont composés d’un scanner, d’un logiciel qui traite les données de numérisation et permet de dessiner les restaurations, et d’un système de fabrication qui transforme le fichier numérique en une restauration physique [9].
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Méthodes par retrait et ajout
Les procédés de production des artefacts numériques peuvent ensuite se faire par retrait ou ajout [10–12].
Les méthodes de production par retrait prévoient l’obtention d’une restauration par fraisage, à partir d’un bloc du matériau déjà assemblé industriellement sous la forme d’un disque ou d’un bloc [13,14].
Les méthodes par ajout sont en revanche représentées par les différentes technologies d’impression 3D [15,16]. Les laboratoires dentaires numériques actuels utilisent les méthodes de production ci-dessus pour des matériaux comme la cire, les résines, les céramiques et les céramiques hybrides [4,9].
Fusion laser sélective et Frittage laser sélectif
Pour les matériaux plus durs, comme les métaux, la production est souvent déléguée à des centres industriels de fraisage et d’impression, qui possèdent des fraises plus performantes et des technologies d’impression 3D comme la fusion laser sélective ou le frittage laser sélectif, qui présentent actuellement des prix prohibitifs pour un laboratoire dentaire [17].
En tout état de cause, dans les deux cas, les produits obtenus par impression ou fraisage sont des produits semi-finis qui doivent nécessairement être finalisés par le prothésiste dentaire avant d’être livrés au dentiste.
En fonction du matériau, une étape de frittage peut être nécessaire après le fraisage afin de donner au matériau la forme et les caractéristiques mécaniques finales [18].
Le post-traitement de l’impression 3D
Dans tous les cas d’impression 3D, diverses procédures de post-traitement sont nécessaires qui, si elles ne sont pas réalisées soigneusement, peuvent affecter le résultat final [16].
Ajoutez à cela que certaines étapes analogiques comme l’application des finitions esthétiques (pigmentation, émaillage) ou la stratification de la porcelaine restent indispensables et doivent de toute façon être effectuées manuellement par le prothésiste dentaire [4].
L’impact des nouveaux flux de travail sur la profession de prothésiste dentaire
Tous ces nouveaux flux de travail ont toutefois des conséquences sur la profession de prothésiste dentaire où l’on observe, depuis plusieurs années déjà, une réduction non seulement du nombre de professionnels mais également des compétences et connaissances fondamentales pour produire des restaurations de qualité [19].
S’agissant d’une nouveauté, la formation insuffisante apportée aux prothésistes dentaires concernant ces nouvelles technologies numériques et les interactions limitées avec les dentistes pendant les études mettent sérieusement en péril toute l’équipe soignante du fait que les futurs paramètres des laboratoires et des cabinets seront de plus en plus définis par les intérêts commerciaux et industriels [2,19].
Par ailleurs, les nouveaux prothésistes dentaires numériques ont souvent des lacunes concernant les connaissances analogiques, qui représentent un patrimoine fondamental pour garantir des produits de qualité élevée [20].
Vers un appauvrissement de l’aspect créatif ?
Il est également utile de traiter le problème d’un point de vue plus profond et culturel.
Auparavant, l’artisan était la personne qui créait et produisait de ses mains un produit avec une fonction pratique déterminée [21]. Les conditions préalables à ses créations étaient la manière dont il considérait les stimuli dans la conception et l’inspiration qu’il recevait du monde extérieur pour arriver à réaliser un produit exprimant une interprétation personnelle.
L’artisan créait donc, par son travail soigné et précis, des objets uniques et non reproductibles [22]. Au contraire, l’industrialisation et la production mécanique en série à partir d’un dessin ou d’une forme standard, à adapter ensuite au cas clinique, suppriment cet aspect créatif, d’attention et d’expérimentation de chaque éventuelle innovation partie de rien.
Il faut encore se demander, donc, si les nouvelles technologies de production appauvrissent culturellement non seulement la profession de prothésiste dentaire mais également toutes les professions artisanales et manufacturières où la création originale, individuelle et authentique représentait encore une valeur ajoutée.
Bibliographie
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[20] Fabrizio Molinelli, Manca Enrico. La comunicazione del team protesico nell’era digitale. Dental Cadmos n.d.;5:368–74.
[21] Manifattura Artigiana, il significato autentico. Officina de Tornabuoni Firenze n.d. https://odtskincare.com/it/blog/lifestyle/manifattura-artigiana-il-significato-autentico (accessed March 18, 2023).
[22] Giorgianni F. La funzione tecnica e il mestiere dell’artigiano nella Grecia antica tra merito e responsabilità. Una rassegna critica n.d.
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